Mes amis. Laissez-moi m'expliquer.


Je compte écrire ici un article en français (pour une fois) car c'est ma langue maternelle et je le traduirai plus tard en anglais pour le fun. En fait, j'aimerais partager mes réfléxions sur mon mode de vie, ma façon de pensée (qui peut être ou paraître contradictoire). En gros, pourquoi fais-je ce que je fais ?

Tout d'abord, je ne veux pas vous inciter à changer vos comportements mais seulement vous ouvrir aussi à mon monde de la sorte comme ça à mon tour je pourrai comprendre vos valeurs et les actions qui en découlent.

Donc, comme pour la plupart d'entre vous je l'imagine, une des conditions idéales de mon existence est d'être heureux. Ceci n'est donc pas un but pour moi mais un sous-jacent d'un autre objectif. De plus, je n'aime pas utiliser le terme "bonheur" car il a été utilisé à multiple reprises de différentes façon (et souvent confondu avec le plaisir). Je préfère choisir le mot satisfaction, contentement, bien-être ou plénitude. Par ailleurs, si le bonheur n'est pas pour moi une destination, il se dévoile lors du chemin vers un accomplissement plus noble. Ce dernier est d'être en accord avec mes valeurs et mes croyances les plus profondes sans pour autant oublier de constamment remettre leur justesse en question par le biais de l'autocritique. En d'autres mots, faire ce qui est juste de faire me rend heureux/satisfait. Si l'on part du principe du bien fondé de mes valeurs,quelles sont-elles et comment dictent-elles mon comportement ?

Premièrement, j'aimerais partir d'un constat. On est sur cette Terre et on n'y peut rien. On pourrait se demander (et je le fais souvent) ce que je peux/dois faire ici. Au premier abord, j'ai déduit que mon comportement dans cette vie dépend en grande partie des croyances d'une existence après la mort. Conséquemment, nos "bonnes" actions seraient justifiées seulement par un but égoïste (ce qui n'est pas négatif) afin de recevoir une récompense ultérieure (dans un paradis ou dans une autre incarnation par le bias du karma). C'est pourquoi, je pourrais presque penser que l'absence de sens et le nihilisme justifieraient tout comportement (peu importe ce que l'on fait, cela n'a d'importance au final).
Néanmoins, ne pouvant que faire des suppositions sur l'au-delà, mes valeurs (ou les valeurs inculquées par mes parents, merci Maman) m'obligent d'agir de façon bien intentionnée. Ma réflexion m'a amené à me dire que dans cet amas d'incertitude il y a deux attitudes à adopter qui satisiferaient mes croyances. Premièrement, étant donné que l'on ne sait pas (ou on ne saura sans doute jamais) d'où on vient, on est arrivé sur cette Terre dans cette vie par hasard/chance/miracle et donc, si on a le souci de nos propres enfants et donc toutes les générations futures de notre espèce, je me dois de laisser cette planète, notre environnement, notre climat général les uns envers les autres au moins de le même état auquels ils se trouvaient lors de ma naissance (et si possible dans un meilleur état). Ce désir satisfait mes instincts primaires de protection de ma progéniture.

Deuxièmement, il y a une chose qui m'incite quotidiennement à faire de mon mieux, à devenir une personne meilleure. Chaque matin, je me regarde dans le miroir et je me demande: "Es-tu satisfait de toi-même ? Es-tu fier de ce que tu as fait, ce que tu fais et ce que tu comptes faire dans ce monde ?" Cela crée souvent en moi un sentiment d'insatisfaction de ne pas être à la hauteur de ma propre image. Qu'est-ce que ma propre image ? Faire ce qui est juste. C'est-à-dire dans un premier temps, ne pas faire souffrir les autres. Et je ne parle pas seulement de souffrances intentionnelles ou directes mais aussi de tous les biais des fois difficiles à observer par lesquelles j'affecte d'autres personnes (que je ne verrai jamais sûrement). C'est là qu'entre le terme de responsabilité. Je peux croire "je peux faire ce que je veux tant que je l'assume". Il n'y a rien à redire à ce propos.

Cependant, je vais arriver ici à un point où vous pourriez considérer mon raisonnement comme étant tiré par les cheveux ou même extrêmiste. Il faut se rendre à l'évidence, il y a (principalement) deux ressources que l'on a à disposition qui ont des impacts sur d'autres vies: notre temps et notre argent (qui est en fait notre temps sous forme de capital bref). La première ressource, notre temps, est majoritairement utilisé pour notre propre bien-être (de façon rationnelle ou pas). Dans notre société (occidentale), il est rare que l'un d'entre nous agisse par méchanceté pure dans le but de blesser une autre personne si ce n'est par désir de vengeance. Ceci est dû au fait que l'impact de nos comportement est visible sur le moment-même la plupart du temps ou dans le court terme du moins car j'estime que dans notre culture il est plus ou moins usuel d'exprimer en face nos émotions envers ses interlocuteurs/-trices.

A contrario, le façon dont nous dépensons notre argent est aussi dirigé majoritairement pour notre bien-être (le mien aussi) mais il est plus difficile de retracer le trajet que cette resource suit jusqu'au premier producteur. Etant donné ce manque de transparence et d'information ENORME et le fait que je désire agir de façon morale du reste à mes propres yeux, je me suis mis à appliquer ce principe. A chaque fois que je dépense mon argent, j'investis symboliquement mon temps capitalisé dans une cause que je soutiens et je supporte dès lors. C'est-à-dire, à chaque fois que je vais acheter mon litre de lait dans un supermarché, j'adhère à l'aliénation des caissières, à la pression sur les prix effectuée par les grands distributeurs, l'ajout de sustances chimiques (dont on a aucune idée de  l'utilité et des risques potentiels), aux transports de marchandises depuis l'autre bout du monde, à l'usage d'antibiotiques pour animaux, à l'exploitation de producteurs et travailleurs agricoles ou industriels dans le monde entier, bref vous m'avez compris. C'est là que vous allez me dire: "Mec, tu vas trop loin" et c'est là que je vais répondre: "Peut-être mais vous aussi peut-être pas assez." Donc, en résumé, personnellement, je crois que je suis ce que j'achète et qu'en consommant, j'encourage la perpétuation de l'activité en question.

L'alternative ? J'en ai trouvé une pour moi. C'est de me poser deux questions: pourquoi ai-je réellement besoin de ça ? Où me le procurer pour faire en sorte que l'argent échangé soit utilisé à des fins conformes à mes valeurs ? Et donc ça donne des réflexions du genre:
- Tes chaussures sont vieilles et moches.
- Et alors ?
- Ben t'as l'air d'un clodo.
- Et alors ?
- Ben les gens vont pas facilement venir te causer.
- Et alors ?
- Ben t'auras pas de meufs.
- Et alors ?
- Ben tu pourras pas baiser ?
- Et alors ?
- Ben tu seras pas heureux.
- Vraiment ? Bon. Ok. Je vais en acheter des autres d'occasions. Elles prennent vraiment trop l'eau là. Je touche le sol quand je marche. Bref. Mais sache que je porte pas des chaussures dans le but de baiser.

Bref. J'ai beaucoup d'autres exemples de ce genre.

Un aspect de ma refléxion que j'apprécie est le fait que, moins j'ai de désir, plus je me sens libre de contraintes (du moins matérielles). En d'autres mots, je dois sacrifier une moindre partie de mon temps à être esclavagé afin d'en tirer un salaire puisque je n'ai besoin de pas grand chose et donc je peux (je devrais aha) consacrer plus de temps à faire ce qui me rend heureux. (Bon, on peut aussi faire les deux en même temps. Jackpot.)

J'ai donc fait le choix de vivre selon cette alternative et j'espère que maintenant vous comprenez pourquoi. Il me reste encore un point à clarifier: le coût d'opportunité inhérant à chaque action ou à chaque dépense de monnaie. Ce que je veux dire par là, c'est l'idée qu'à chaque instant on peut faire mieux. Et c'est là qu'on tombe dans l'extrêmisme. Les sacrifices que je me fais endurer sont volontaires et je suis libre d'en fixer moi-même les limites (car sinon je devrais être actuellement en Afrique à lutter contre Ebola). Mon principe premier est de ne pas engendrer de souffrance par mon action, ma consommation (et mes pensées aussi) et peut-être par la suite donner de mon temps à autrui.

C'est pourquoi toute cette réfléxion m'a poussé à privilégier des activités telles que la méditation, la sieste (YES), le sport, la musique, la lecture, les vidéos TED, aller au marché, le transport à vélo et évidemment avant tout les relations sociales. De plus, cela a induit une prise de recul par rapport aux questions de dépendances au plaisir et aux sensations, à la débauche mais surtout aux excès quels qu'ils soient (car il faut à mon avis un peu de tout pour faire une vie). Des personnes appellent ça la simplicité volontaire ou encore la sobriété heureuse.

Alors voilà tout. J'espère que maintenant vous avez un aperçu de ma philisophie de vie et que vous serez moins vexés la prochaine fois que je prendrai de l'eau plate (ou rien du tout) avec vous dans un bar. Bref. Je me suis exprimé et maintenant c'est à votre tour. Merci à vous.

D.S.

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